Les retraites

Offrande Offrande de lumière et d'encens Pourquoi faire des retraites Vipassana

La pratique de vipassana fait parcourir aux retraitants un chemin en 16 étapes, appelées ñana. Cette carte des états de l’esprit a été repérée depuis de nombreux siècles et présente notamment une particularité remarquable : consciemment ou non tout le monde traverse invariablement ces étapes, à un niveau de subtilité différent suivant l’expérience du pratiquant.

Ce parcours est très similaire à l’escalade d’une montagne : il y a quelque chose de particulier au sommet de la montagne qui a à voir avec l’esprit du retraitant, vers lequel l’enseignant tente de l’emmener et vers lequel l’esprit va naturellement si les circonstances sont favorables. Ce chemin ne peut pas être parcouru seul à moins d’être très entraîné pour déjouer les pièges susceptibles de maintenir l’esprit dans une impasse, loin du sommet. Si vous savez combien de gens se perdent chaque année en tentant d’escalader des montagnes qu’ils ne connaissent pas et parce qu’ils n’ont pas de guide, vous avez une bonne image de la situation et vous comprenez l’intérêt des retraites.

Ces périodes de pratique intensive s’appellent retraite car on met sa vie quotidienne entre parenthèse, on se retire du monde pour se placer dans des conditions où on peut passer le plus clair de son temps à observer l’esprit. Pas besoin de s’occuper des repas, de faire les courses, d’aller chercher les enfants à l’école, … Mais en réalité, le terme le plus approprié serait entraînement de l’esprit, car on ne souhaite pas obtenir un résultat uniquement durant le temps de la retraite, mais dans notre quotidien.

Comme un athlète olympique s’entraîne dur pour réussir ses Jeux, on s’entraîne assidument dans les centres de retraite vipassana pour voir clairement le fonctionnement de l’esprit, acquérir des réflexes et ainsi libérer l’esprit. Les Jeux Olympiques, c’est tous les jours une fois rentré à la maison !

Déroulement d’une retraite vipassana

La pratique mise en œuvre par le Vénérable Ajaan Tong est une forme intensive de la tradition de Mahasi Sayadaw, un des très grands enseignants Vipassana des temps modernes dont Ajaan Tong est l’un des successeurs. La pratique est dite “intensive” en particulier parce qu’elle concentre sur quelques jours une retraite qui s’étalait auparavant sur plusieurs mois.

La première retraite, appelée “cours de base”, dure 21 jours dans le centre de retraite de Thaïlande(1) , 13 jours en occident où la durée générale des congés et l’absence de référence dans ce domaine ne permettent souvent pas de s’abstraire longtemps de son travail ou de sa famille.

Les retraites suivantes durent 10 jours.

Déroulement d’une journée

La pratique s’effectue individuellement, chacun vivant et s’organisant à son rythme, mais toujours dans un cadre général bien défini :

  • lever à 4h
  • petit-déjeuner à 6h30
  • déjeuner à 11h
  • coucher à 22h

A cela il faut ajouter une rencontre quotidienne en tête à tête avec l’enseignant. Tous les pratiquants sont suivis personnellement de manière à tirer tout le parti possible de la retraite. L’entretien individuel est l’occasion de répondre aux questions du pratiquant, d’ajuster sa pratique en fonction de son évolution.

Durant la journée, le retraitant enchaine les sessions de méditations entrecoupées de pauses allant de 15 mn à 1h selon les cas. Entre le lever et le coucher et si on retire le temps pris par les repas, il reste environ 16h. L’objectif initial est de passer plus de la moitié de son temps en méditation, le temps de pratique est donc en moyenne d’environ 8 à 10 heures par jour.

La durée des sessions est progressive, ce qui permet en particulier aux débutants d’entrer doucement dans la pratique. Entendez par là qu’il ne faut pas vouloir s’attaquer de suite au sommet de la montagne, il faut savoir être progressif, ni trop laxe, ni trop volontaire, mais trouver au contraire un juste milieu qui permette de progresser concrètement.

Déroulement d’une session de méditation

Une session comprend systématiquement trois parties, toujours dans cet ordre :

  • une prosternation lente,
  • une méditation marchée,
  • une méditation assise.

La prosternation lente, outre de développer l’attention au corps par des mouvements lents, permet à l’esprit qui vient de faire une pause et s’est donc certainement distrait, de se re-concentrer.

La méditation marchée est une marche lente où l’attention est portée principalement sur les mouvements des pieds et où toutes les distractions de l’esprit sont notées mentalement avant de revenir au mouvement de la marche.

De même dans la méditation assise l’attention est portée principalement sur le mouvement montant et descendant de l’abdomen. Toutes les distractions de l’esprit sont notées mentalement avant de revenir au mouvement de l’abdomen.

Le contenu détaillé de la marche et de l’assise est détaillée dans la [page id=21 page=”page consacrée à la pratique.”]

La marche et l’assise font toujours la même durée, mais la durée peut varier d’un jour à l’autre selon les instructions de l’enseignant. Les débutants commencent par 10 mn de marche et 10 mn d’assise.

Entretien avec l’enseignant

Cet entretien a un triple objectif :

  • permettre à l’enseignant de savoir à quelle étape le retraitant se trouve et d’adapter ses instructions aux conditions du moment de l’esprit de ce retraitant.
  • permettre à l’enseignant de ramener le retraitant dans le chemin de la pratique s’il s’en est écarté ce qui pourrait plus tard créer de sérieux freins à son progrès spirituel.
  • permettre au retraitant de mieux comprendre ce qu’il doit observer et comment mener ses sessions.

En général, le retraitant part à la fin de l’entretien avec de nouvelles instructions valables jusqu’à son entretien suivant.

Pratique informelle entre les sessions

Entre deux sessions, il ne serait pas raisonnable de tout lâcher et de reprendre les bonnes habitudes inattentives du quotidien. L’athlète se surveille aussi entre les entraînements, il ne va pas de repas gastronomiques en sorties en boîte mais maintient ses conditions physiques.

Entre les sessions donc, le retraitant cherche à maintenir son attention sur ce qu’il fait. Le principe est le même que pour la pratique formelle, mais en plus souple. Par exemple lorsqu’il se déplace pour aller déjeuner, il est attentif à sa marche et note mentalement (une fois seulement) si son esprit est distrait par un bruit, une image, une pensée … toutes choses qu’on ne fait pas en général. Au quotidien on sait très bien faire la vaisselle tout en discutant avec son conjoint et en pensant à l’occasion à ce qu’on va faire le lendemain. A quoi est-on vraiment présent à ce moment là ?

Lumière et encens
Les engagements pris en début de retraite

En termes bouddhistes, on appelle ces engagements des vœux. Le Bouddha a donné 5 préceptes qu’il est important de respecter dans la vie quotidienne car ils constituent un cadre propice au développement d’un esprit libre. Sans ce cadre, les progrès seront très lents.

  • se réfréner de tuer des êtres vivants,
  • se réfréner de voler,
  • ne pas avoir d’inconduite sexuelle(2) ,
  • ne pas mentir,
  • se réfréner dans l’usage des intoxicants(3)

Le dernier point a pour principal objectif de maintenir les conditions pour la réalisation des quatre premiers. Un esprit sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue ne sait plus ce qu’il fait et peut conduire à faire des choses qu’en situation normale on ne ferait pas.

A ces cinq préceptes de base s’ajoutent 3 engagements supplémentaires pris le temps de la retraite :

  • ne pas manger entre 12h et 6h du matin,
  • ne pas danser, chanter, écouter de la musique ou voir des films, porter des bijoux, se parfumer ou se maquiller,
  • ne pas s’installer dans des lits ou des fauteuils hauts et confortables(4) .

Dans le contexte d’une retraite, le troisième précepte de base se transforme en voeu de célibat.

En parallèle, il est demandé aux retraitants de ne pas parler, à l’exception du parler fonctionnel ou des entretiens journaliers bien évidemment. Donc pas de socialisation.

Également pas de lecture, pas d’internet, pas de téléphone.

Une retraite est un moment exceptionnel pour chacun d’entre nous et il peut y avoir des moments d’inconfort ou d’ennui. L’objectif de ces engagements n’est pas d’isoler la personne ou de la fragiliser mais d’éviter les dérivatifs  tentants pour un esprit non entraîné, dérivatifs qui ramènent le retraitant au camp de base au pied de la montagne alors qu’il s’efforce le reste du temps de grimper au sommet de la montagne.

Après la retraite

Une fois la première retraite suivie, il est possible de maintenir une petite activité formelle chez soi, en fonction du temps que l’on a. Une pratique régulière est souhaitable, mais il faut savoir accepter les contingences de la vie et ne pas se fixer des objectifs trop ambitieux, puis ensuite ne plus rien faire au prétexte qu’on a dû interrompre sa pratique durant quelques temps. La encore, soyons libre des extrêmes.

L’idéal est de pouvoir pratiquer tous les jours une session constituée de la prosternation lente (qui prend 2 à 3 mn), 30 mn de marche, 30 mn d’assise.

Enfin, pensez à programmer assez longtemps à l’avance la retraite suivante !

Notes

  1. En Thaïlande, il est très fréquent que des personnes ou des familles viennent en retraite. Les écoles envoient régulièrement les élèves faire des mini-séjours de quelques jours pour se familiariser avec les bases de la méditation. Il n’est pas rare de voir des groupes de 40, 60, 100 personnes débarquer dans le centre de retraite de Chomtong.
  2. pas d’adultère, pas de pratiques déviantes.
  3. tels qu’alcool et drogues.
  4. ce qui signifie pas de sieste volontaire

4 réflexions sur « Les retraites »

  1. Bonjour,

    Je me réjouis de découvrir vos activités et votre travail pour partager cette merveilleuse pratique de vipassana dans la tradition de Mahasi Sayadaw, si bénéfique pour tous les êtres.
    Bonne continuation sur le Noble Chemin.

    Metta
    SMC

  2. Je suis interessee d’un stage pour la meditation 20.jusqu’au fin d’aout, peutetre au debut en septembre. S’il ya encore du place, je me rejjouis.
    Amicalement
    Annette Bosch d’allemagne

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